jeudi 30 avril 2009

AVRIL 2009 - pop selection

Mes principales découvertes musicales mémorables de ce mois d'AVRIL 2009, que j'ai essayé de regrouper en 3 catégories : 1. des mélodies et recherches pop, 2. des discomaniaques qui creusent en profondeur des liens historiques et stylistiques dans la danse puis 3. les crooners solitaires :





1. mélodies et recherches pop

Boat ClubEncore un groupe suédois, des rythmes house suaves (Ten City), les guitares crystallines des Byrds (ou des Cocteau twins), des voix masculines molles, éthérées et mélancoliques (à la Fieldmice, Sarah Records), mais des mélodies synthétiques qui élèvent toute cette tristesse au dessus des nuages ("you can't fake the sunshine" fredonnent-ils dans "Warmer climes"). Du niveau du meilleur St Etienne ! Encore une des ces énièmes trouvailles en terre scandinaves, qui a définitivement détroné l'Angleterre pour la pop blanche sophistiquée et accessible, une pop qui ne connait pas le rock, la virilité et la rebellion prolétaire, une pop de classe moyenne, tertiaire (laptop music) et globalisée, de garçon solitaire qui rêve d'unanimité et d'hymnes populaires tristes.


Un duo de filles de Los Angeles, totalement déjantés, droguées (!?), une sorte de parodie de la rock star qui mélange Courtney Love et Céline Dion dans les poses et l'attitude. La musique ? De la Pop-funk blanche 80s légère (Lio, Tom Tom Club, Roxy Music) et somnambulique, proche de Telepathe, sombre (enfoui sous les basses plutot soul) et lente. La voix ? Chant éthéré sur des boucles synthétiques qui évoque le son unique de Torch Song (= Rico Conning et William Orbit + Laurie Mayer) sur "Chimera". Ce groupe semble aussi et surtout être une expérimentation sonore et conceptuelle dans la veine de Phil Spector et de Martin Hannett : une production sonore qui teste les limites entre la dislocation/décorporation totale du son et la structure carré et incarnée de la pop song classique. CASIO PSYCHO FUNK !?













2. post moderne pop
Brain machine

Très peu d'info sur leur page Myspace, noire et aérée et pratiquement vide ! De la disco noire (Moroder sans les tubes), électronique et progressive (du krautrock à la Manuel Gottsching pour les motifs rythmiques fractals), qui vous embarque dans de langues trances comme si Basic Channel avait existé en 1978. Donc, une fiction temporelle post-moderne. Comme l'indique leur label : This is not an exit records, on plonge dedans, dans le cerveau (brain machine c'est leur nom !!) et la mémoire, dans le noyau souterrain de la disco, le centre de la piste de danse.


Glossy Edits


Pure space disco ("Payama"), des rythmes calmes et fatigués mais un groove profond (les basses sont sa base) qui emmène le funk électronique du bon coté (sophistiqué et soul) de Daft punk (et pas le hard rock d'ordinateur pour stadium de Justice). Des cut-up façon remix des années 80 mais pratiqué sur des samples 70's, sur de la disco et de l'électro 90s ("don't chop the music"). Un frère de Ambassador's reception et Italians do it better, ainsi que du label New Yorkais DFA ("burning love")

Hounds of Hate


Un DJ Londonien à suivre, qui célèbre le son rétro de la deep house de Chicago vers 1986, simple et basique (dans les basses et l'ambience sonore), posé sur groove et une rythmique mid tempo et kunky, saupoudré de sons de jeux vidéo 80s et de clins d'oeil Princiers. Comme beaucoup d'artistes actuellement, il assume un son assez plat et répétitif mais affiche un singularité dans sa démarche, en ne fétichisant pas les sons et les gimmicks du passé mais en remettant en ondes ce qui a pu les faire naitre jadis.


Faux pas


Un Australien qui compose des instrumentaux à base de collages sonores d'origines pop, collages dont les jointures sont travaillées de façon à mettre en valeur rythmes et mélodies. On n'est plus du tout dans le sample virtuose de DJ Shadow qui célèbre la rupture mais dans un glissement perpétuel de renvois et de souvenirs, de sons hypertextes, s'emboitant par analogies et réminiscences dans un mouvement fractal continu qui ne sacrifie pas la mélodie au coté pompeux du rock progressif ni à l'impro jazzy. Faux pas pratique une vaste grammaire culturelle de l'arrangement pop, dance, disco, house, funk, jerk, afrobeat, ska qui va des Beastie Boys ou Beck à JM Jarre, en passant par Depeche Mode et Hot Chip, des bongos du space disco aux mélodies idiotes à la Kraftwerk, de façon tellement joyeuse et sincères ici ...




3. Crooners synthétiques et solitaires
Faux Fox

Je remarque une belle évolution dans le paysage de la pop américaine depuis Casiotone For the painfully Alone (qui venait du lo-fi folk et d'une idée de la culture alternative et de la bedroom music) pour arriver aujourd'hui à un type qui se prend pour Dave Gahan (Depeche Mode) ou John Foxx sans être gay ou kitsch outragé. Les dandy 80s de la pop anglaise sont pris comme modèle de songwriting et de chant pour des chanteurs pop rock américains (traditionnellement plutot virils, plaintifs ou criards).


Ce qui paradoxalement permet à ce Faux Renard de retrouver le fond de blues enfoui qui réside dans toute chanson pop (de Lio à New Order), qui renoue avec la complainte et l'espression de la solitude urbaine d'un homme, à l'aide de son synthé et d'un rêve de grandeur, d'une projection de soi comme humanoïde brisé mais qui tient encore debout.





Epee du Bois
Avec l'erreur de français dans son nom, voici un solitaire de Brooklyn qui pratique la pop sur son casio, en évoquant les débuts de Jarvis Cocker, l'album "Separations" de Pulp en particulier ou le premier LP de Depeche Mode (sur "Exits" et "No trees"). En frère spirituel de Marc Almond, il se prend pour une diva ou un Elvis à las vegas (ou dans sa chambre, ce qui revient au même) accompagné par un son lo-fi et des boites à rythmes cheap (son Dave Ball à lui). Sa voix, lyrique et solide, porte de véritables chansons ("misery") alors que ses instrumentaux ressemblant à des musiques de films gore des 70's ("passage to passage') le projettent dans un univers industriel, nostalgique de Suicide ou d'OMD (époque "architecture & morality").

Avril 2009 - TOP 5






dimanche 12 avril 2009

Tino Sehgal @ Marian Goodman, Paris

Retour sur une expo marquante vue en février dernier, le temps d'écrire dessus - attention long texte sans images ...


Les oeuvres de Tino Sehgal sont des oeuvres que l'on raconte et n'ont pas besoin de photos - elles sont d'ailleurs interdites et non diffusées mais c'est presque une façon d'éviter aux journalistes et aux critiques de mal faire leur travail, c'est pour leur bien dira-t-on.

"This Situation" montrée en février/mars 2009 chez Marian Goodman à Paris a déjà été représentée à New York en 2007 lors de sa première expo chez Marian Goodman. Je ne parlerai pas du fait que ca se vende (cher) : ça ne me choque pas et ça ne m'intéresse pas, comme pour tout autre travail artistique d'ailleurs. Ce qui est par contre important, c'est l'intervention d'acteurs ou de personnes payées pour performer, ce qui ramène l'économie de l'intermittence du spectacle dans celle de l'art, deux mondes qui s'ignorent très souvent.
Les situations chorégrapheis et conçues par Tino Sehgal ne comportent pas d'instructions écrites ni de documents témoins. son art est une transaction orale faite avec le collectionneur, galeriste et les participants.

Donc, pour "This Situation", six personnes sont enfermées et payées dans une galerie d'art, sous l'oeil de spectateurs réels ou potentiels (les comédiens se relaient régulièrement et sont remplacés, il y a des pauses et on respecte le code du travail). Ce qui situe donc le travail dans une comparaison directe avec la télé-réalité et le principe du Loft. Et ce n'est pas simplement un clin d'oeil, mais un paradigme qui permet d'apprécier et de mieux percevoir cette oeuvre justement.

Il s'agit donc pour nous spectateurs d'assister à une discussion, et d'entrer dans une situation puisque les comédiens se tournent et s'adressent à nous et disent "Welcome in this situation" lorsque l'on entre dans le lieu. Nous ne sommes donc pas voyeurs comme devant le Loft, les personnages nous parlent et nous regardent, ils sont dans le même espace puisque l'on entre dans l'oeuvre et qu'on ne reste pas devant. On assiste donc à une parole publique. Des débats philosophiques même. La situation (pas la discussion) est tellement intense et singulière que je ne me souviens en rien du contenu des débats, tellement je fus séduit et captivé par la présence des corps, par l'existence de cette événement. On se demande ce qu'on fait là, qui sont ces acteurs, s'ils sont acteurs (ils n'en ont pas l'air), C'est par leur chorégraphie semblable à des exercvices de Tai-Chi qu'on les ditingue de la foule des spestateurs, blottis contre les murs, ne sachant trop où regarder ni où focaliser leur attention. Ainsi l'écho avec la TV-réalité sert à montrer qu'ici on assiste à un miracle, de la parole échangée véritablement, une qualité de parole ! Des personnes parlent en public, parlent bien, s'écoutent, se répondent, nuancent, ne sont pas d'accord ou font bifurquer la discussion. Se réalise donc ici un potentiel de la Tv réalité, celui qui aurait lieu si on avait casté les particpants sur leur connaissance et leur qualité d'orateurs.

Il faut donc aussi surtout penser à ce que l'on voit des débats public, ceux de la Tv ou de quelques colloques, assemblées publiques actuelless, totalement imprégnées par le modèle médiatique, qui consiste à parler vite avant de se faire couper ou enlever le micro, qui csnsiste à jouer un rôle prédéteminé (cf. le casting des français pour les séries de débats pré-électoraux en 2007). Chacun est sommé d'incarner des valeurs ou des idées comme un slogan et un T-shirt : la victime, le réac, l'intello, l'exclu, le riche /le pauvre , etc ... Que ce soit Chez Delarue ou dans tout type de plateaux avec échantillonnage de la population. Pendant la performance de Sehgal, on croit vraiment être devant une émission télé des années 70, comme on peut s'en souvenir ou voir parfois en archives à la TV (type "Grand Echiquier"). On a le temps, on écoute, il n'y a pas de coupure de pub ou de pauses musicales (comme souvent à la radio). On assiste à une utopie ou à une archive de ce qu'on dut être les débats des années 60 et 70, des assemblés générales, des discussions autour de Lacan ou des rencontres intello /ouvriers par exemple (je fantasme sans doute ?). Bien sur, ici pas d'enguelades et d'interjections, ce serait trop artificiel et spectaculaire justement, simulé donc.

On voit donc des corps singuliers de différents ages et genres, des corps d'intellectuels qui manient bien la parole et les idées, à l'aise en public, mais pas costumés (je suppose qu'il s'agit de leur propres vétements). Qu'ils soient typiquement parisiens universitaires n'est pas un problème, c'est même plutot honnète par rapports aux intentions de l'artiste. Ils ne jouent pas aux intello, ils en sont. Et c'est là que c'est généreux, c'est de permettre d'assister à leur discussion, de voir comment ils s'adressent les uns aux autres. On réalise, par ce coté décalé, gentil, intelligent, noble même, que l'on n'entend jamais des gens parlé ainsi. Que le cinéma aussi à arrêter ça (Bunuel, Rohmer, Rouch, Eustache ont su écrire et filmer cela). Il y a une certaine aristocratie dans cette démarche. Une aristocratie pourtant essentielle à la démocratie si on ne veut pas tomber dans la démogogie populiste et toujours fasciste finalement des débats télé.

On se rend compte que l'espace publique et donc médiatique est cadenassé, empéché par la vitesse, l'émotion, la synthèse, la compression et la simplification : tout ce qui caractérise la fiction hollywoodienne, qui a totalement infusé les débats TV/radios, la parole politique ou celle des victimes ou des "vrais gens". On se rend compte donc ici dans une galerie d'art que la parole a disparu de nos enviornnements et de nos têtes, la parole échangée en direct, pas celle déposée dans des objets (d'art) et recrée en solitaire par le spectateur d'art. L'art de Sehgal est une sauvegarde, comme un fossile géologique d'un potentiel annihilé. Le cube blanc de l'art contemporain devient comme le lieu d'une secte, ultra minoritaire (comme les vieux qui lisent des livres dans "Soleil Vert"), qui pratique une activité humaine disparue, la conversation intellectuelle à plusieurs (différent de la conversation à deux dans un café ou dans un lit). Sehgal écrit, planifie, organise bien sur ! Il y a du complot et du calcul (dans quelle mesure ? Je l'ignore) mais comme dans toute mise en scène de film, comme chez John Cage, c'est pour offrir de la liberté et agrandir le potentiel de mouvement qu'il faut penser des stratégies. Il déplace l'écriture de Cage depuis les problèmes de la musique, de la composition, du jeu, de l'interpétation vers du matériel humain, à la fois spécifique à la situation : "étre dans un lieu d'exposition" qu'il enchevêtre à des enjeux plus larges liés au relationnel et à la parole, à l'échange par le corps ou par les mots.

Là où la téléréalité tente à tout prix de planifier des évenements, de sérialiser de l'unique (loft story renvoyait à love story : on attendait tous de voir apparaître l'amour en direct), Sehgal rend à la notion d'événement toute sa valeur et prend aussi le risque du creux, du mou, de l'abscond, du gentil et du ringard. Ce qui s'échange donc et se transmet en live : c'est là que réside l'art immatériel de Sehgal, la valeur marchande de son travail. Il ne vend pas des pièces de théâtre mais la possibilité même que le théâtre (au sens large) advienne. C'est ENORME !

Un grand bravo donc à cet artiste qui exerce véritablement un art essentiel et important, très simple même, comme des gags Fluxus mais sans la dérision et l'ironie de Fluxus. Le travail de Sehgal refonde l'idée même de production et d'événement artistique. C'est pas rien et il faut savoir apprécier ce type d'événement historique. Et à Eric Troncy (le 06/02/2009 sur France Culture) qui lui reproche un manque de générosité (pas de photos, pas de communiqué de presse, des assistants de galerie lui a refusé des explications !!), on peut lui rétorquer que c'est justement tout le contraire, l'oeuvre n'est pas synthétisable, elle est racontable, analysable etc mais on ne peut pas faire l'éconoomie de l'expérience, on ne peut pas faire un tour vite fait, prendre le dossier de presse pour chez soi puis se refaire le truc dans sa tête plus tard, comme font les professionnels pressés. Le temps et l'espace, et les corps qui le partagent existent ENCORE ! Qu'on le veuille ou non.

vendredi 10 avril 2009

Des expos en vidéos

Une superbe initiative : filmer les expos en galerie et les mettre sur YouTube, ce qui permet de voir - flous, pixelisés - mais tout de même, de voir des expos à New York ou ailleurs et de suivre quelques artistes qu'on n'expose guère chez nous. Et une vraie fonction d'information et d'alternative aux photos promotionnelles éditées par les galeries et publiées tel quel par les magazines, comme s'il n'y avait qu'une seule manière de regarder et de montrer des oeuvres. DU JOURNALISME aussi :


Par exemple, Andrea Zittel, que j'aime profondément et qui à la manière de Tatiana Trouvé disloque de plus en plus son travail, dans l'espace et les objets et les formes ...





Moins intéressant car filmées pendant les vernissages, mais malgré, tout il est intéressant de voir un regard qui découvre des oeuvres, qui cherche comment les filmer en direct.



Corps à corps avec Dana Schutz




Ellsworth Kelly : pour voir comment faire entrer ses shaped canvas dans le cadre d'une caméra





ou bien le channel Art review:
ici Martin Creed


et un bonus :

+
le blog vidéo de Marcelo également depuis New York

RICHTER Analogique / Digital




Un site à visiter encore et encore, le site de Gerhard Richter : généreux, pro et sobre, avec toutes les productions de l’artiste allemand, datées et référencées. Bien sûr, les images sont petites mais c'est comme feuilleter un bon catalogue, la quantité permet de voir et de comprendre des choses, de réviser et de revisiter son univers, que l'on ne connait jamais assez.

Je découvre récemment la série des Photographies Peintes : Over Painted Photographs, dont un catalogue vient de paraitre chez Hatje Cantz, (suite à une expo en Suisse) des photos de tourisme ou des études de formes ou de lumière, des instants ordinaires, au format poche : 12 x 12 cm ou 10 x 15 cm. Une vraie pratique quotidienne : chaque image est datée et localisée, mais il est intéressant de se demander si ces 2 infos correspondent à la prise de vue photo ou au geste pictural. Ces peintures sur papier photo évoquent le geste de l'imprimante, mais aussi la signature, la souillure ou bien même l'appropriation, la fin d'une image au sens ou il s'agit de la finir, de suggérer que la prise de vue n'est que le début de la production de l’image. Le savoir-faire du peintre se confronte ici à d'autres technologies pour souligner le rapport corporel, psychologique et matérialiste à l'image et non pas uniquement esthétique ou optique. A savoir même si la photo-graphie est image ou autre chose ? Ecriture de lumière et de couleur ?




jeudi 9 avril 2009

Pour Your Body Out

A l’occasion de la mise en ligne de vidéos par le MOMA pour promouvoir l’exposition de la Suissesse : Pour Your Body Out (7354 Cubic Meters) du 19 Novembre 2008 au 2 Fevrier 2009 dans le Marron Atrium du musée, ainsi qu’à l’occasion de l’expo de DianaThater en Autriche, Deux Maîtresses de l'art vidéo : Pipilotti Rist et Diana Thater, 2 femmes qui ont compris depuis longtemps les rapports profonds de l'image vidéo avec le corps, (trames, peau), donc avec la couleur (artificiel, électronique et donc picturale) et donc aussi avec l'espace de diffusion, là où le corps rencontre l'image vidéo, l'espace infiltré par le médiatique, l'électrique et l'information (la pub, l'idéologie, le code, le complot, les mythes qui structurent l’espace réel ET mental).

l’Interview de Pipilotti





+ l'installation filmée puis diffusée en accéléré permet aussi de voir les formes apparaitre ainsi que de deviner les décisions prises par l'artiste.




mardi 7 avril 2009

Sources Ouvertes

Mes sources d'information et mes fournisseurs de sensations musicales, tout ce que j’ai découvert depuis 2 ans vient de là :

20 jazz funk greats
Nommés d’après l’album de Throbbing Ghistle (qui n’est, bien sur, pas du jazz au sens propre du terme). Un blog important et influent du web, richement fourni en musique, images et infos : varié et généreux, plein de découvertes, dans les régions sonores de la disco, électro, industriel, gothique, pop, eighties, afro, etc ... tout ce qui ose les mélanges. Il faut aussi signaler et prendre au sérieux l’écriture pop hyper synthétique permise par la langue anglaise, comme un collage formant des phrases très longues, hyperboliques et saturé d’images.


BBC Radio 1 : le Rob Da Bank show, ouvert sur tout ce qui est expérimental et pop, dansant, indé, blanc, noir, kitsch et mélodique, un digne successeur à John Peel, modeste mais toujours curieux et pas sérieux.


Valérie
Un classique personnel, toute la galaxie de Minitel Rose, réunis autour du culte des synthés italo disco 80’s et d’une dance pop héritée de Daft Punk, mélancolique et sexy, parfois facile et répétitive mais toujours optimiste. Un réseau qui s’étend partout dans le monde mais qui commence à s’essouffler dans le clonage facile.

Discodust
Blog voisin de Valérie, trop riche et approvisionné pour prendre le temps de faire des choix, c’est plutôt une plateforme promotionnelle d’un réseau très vaste, donc beaucoup de pop électro nulle et grossière mais, en contre partie, beaucoup de morceaux et de remixes rares offerts. A trier donc.

Obscure Sound
Un petit jeune à l'université qui écrit de très longues chroniques dans ce blog essentiel sur tous les groupes qu'il évoque, long et fatiguant à lire, mais pas compliqué littérairement. Une vraie source de découvertes obscures majoritairement US et indé pop rock mais il y a aussi de la pop suédoise, anglaise ou de la folk et country etc ... Et surtout plein de morceaux à télécharger en bonne qualité, gratis !

Head Phone Sex
Un blog (au superbe titre) qui met en ligne de la pop/dance, nouvelle ou rétro.

Fluo kids

Un blog français de clubber qui expose sa collection d’images de jolies filles tristes et romantiques, un ton et une écriture directe et décomplexée, ce que permet le blog, différent de la plume et du texte littéraire. L’air de rien s’invente ici une nouvelle ère de la pub et de la communication, une façon de connoter un produit en passant par l’hyper subjectif et l’arbitraire, de mettre en lien des sensations autour d’un produit-objet qui reste assez vague : le type qui écrit, la musique ou simplement une étiquette/brand/ un label. Et quand même, des morceaux / remixes club-dance-pop à télécharger.

et mon favoris : Le NME, journal presque mort version papier : disons fini les longs textes et interviews au profit d’une version imprimée d’un site web : très riche en infos (vous pouvez connaitre tous les nouveaux petits groupes de l’Albion ou d’ailleurs) à ensuite creuser soi même. La rubrique du site web : new music propose des téléchargements de nouveautés tous les jours et des liens sur les pages MySpace d’une grande variété de groupes.

et aussi les sites d’infos et de chroniques de disques, pour faire son choix et devenir curieux : PITCHFORK
Des pop news et pleins de chroniques de disques (sur best new music ) argumentées et sérieuses, des tas de noms à découvrir, images et sons, C’est LA que les journalistes viennent chercher les infos. Des Nouveautés tous les jours, la corne d'abondance sur la rubrique Forkcast

Sans oublier les classiques All Music, super encyclopédie américaine, pour découvrir et parfaire sa culture pop rock du 20eme siècle au travers de chroniques de disques et de textes informés et d’une culture de première main sur les mythes pop. Les articles du blog ainsi que leur retours sur certaines années tout genres confondus sont de bonnes manières de mettre à jour sa mémoire ou de faire des découvertes (powerpop 70's, proto punk, soul et funk 70's, psychédélisme, college rock 80’s, etc) malgré tout très centrées sur la musique US (de la plus populaire aux labels les plus obscurs)

Beats in Space, excellente radio pop et électro New Yorkaise, donc très variée, ouverte et chercheuse, de bons mixes à télécharger gratuitement bien-sur

Pure groove, de la pop indé anglaise

Dubstep, électro expérimentale, techno avancée, sur le label Planet Mu, site élégant et riche.

FACT, autre magazine online et papier qui vous oriente vers les tout nouveaux buzz et noms à suivre. Pleins de rubriques, un bon design et l'occasion de voir clairement les corps et l'iconographie de la pop actuelle.

CLASH, pour ses chroniques de disques

Norman records, pour ses chroniques

XLR8R, pour les news

Resident Advisor, pour l’info, les chroniques et l’écoute de dance, techno et toutes musiques électro

Sub sidio
offert : de la musique électro et expérimentale, rock improvisée et noise divers …


Weird tapes
Un blog qui diffuse des bizarreries pop, audio et visuelles, principalement de culture américaine.


Mola Super Poco
blog chic et pro : une riche iconographie et des morceaux à écouter/télécharger à chaque post, l'occasion de découvertes, orienté surtout vers la dance et électro (images souvent mieux que la musique tout de même)

Cage Dream
du metal, surf, divers musiques rares à télécharger, le coté souterrain de la culture pop.

jeudi 2 avril 2009

lnformations suspendues dans le Vide


Donc, des salles vides dans les collections du musée d'art moderne et contemporain au Centre Pompidou. Il s'agit d'un musée, donc ce que l'on voit est un témoignage historique : ces expos ont eu lieu et sont ici reconstituées ou plutôt "rejouées". Des textes muraux placés en hauteur nous donnent les informations nécessaires. Une élévation du texte qui produit de l’aura et anoblit - on est toujours plus petit/en dessous des intentions de l’artiste. Mais au delà de ces étranges restes signalétiques bizarres, il fallait vraiment faire l'expérience de se promener dans ces salles auxquels j’associe, comme chacun, des souvenirs particuliers : la salle du fond à gauche souvent associée aux maquettes d'architecture, ou le souvenir de la salle des sculptures de Jan Arp de l'autre coté, etc. Souvenirs également d'une salle consacrée à Absalon il y a quelques années, ici, bien sur, vide.


Donc je me promène seul. En moi, des tas de discours semblent s’agglomérer alors que le regard croisé avec d'autres spectateurs rares et isolés, en couple, en famille chassent ces mêmes discours qui naissent en moi. On oscille toujours entre : oui il n'y a rien, c'est n'importe quoi (le regard des autres) et bien sûr que non il y a quelque chose. Il y a nous, moi, l'espace, la lumière, l'architecture, les textures des murs, des variations de blancs, la visibilité des coups de pinceaux qui datent de différents accrochages ou remises en état, l'odeur du musée, sa réalité matérielle.
On peut clairement percevoir l'énergie des espaces, la succession des salels entre elles, leurs différences de tonalité même vides, leurs configurations et le rapport à l'extérieur (porte des allées incendies, les cotés vitrés) . On ressent partout la difficulté à se placer dans l'espace, la difficulté à trouver sa vitesse de marche et de déambulation : le critère "oeuvre" habituel n'est plus là, mais est-ce d'ailleurs vraiment LE critère. Ilfaut admettre que l'on reste aprfois peu de temps devant uen oeuvre à cause de conditions extérieures à l'oeuvre, un spectateur trop proche à coté, l'envie d'uriner, une autre oeuvre qui nous appelle en vision périphérique ... Combien de temps accorder à chaque salle ? Toutes ces questions sont JUSTEMENT l'occasion de se souvenir de ce que nous ont appris les artistes, les Buren, Verjux, les minimalistes, Ugo Rondinone, Picabia et Duchamp, John Cage, etc ... Chaque spectateur doit donc s'accompagner de son panthéon personnel ou de ses compagnons intellectuels quotidiens, pour ici vérifier leur pertinence. Là, en direct, en présence du vide, se trouve convoqué tout ce qui fonde notre attrait, amour, lien personnel à l'art et surtout à l'EXPERIENCE de l'art.






Dans ces salles, à ce moment, tout ne tient qu'à vous, soit vous décider qu'il n'y a rien, soit vous devez admettre, oui ADMETTRE et lâcher prise un peu pour sentir en vous le bénéfice de toutes les expos que vous avez vues avant. C'est un degré zéro, une révision (au sens scolaire mais aussi automobile) de la matière et des conditions qui font l'expérience de l'objet et du moment de la rencontre avec l'objet d'art quel qu’il soit. Voir ce qui permet de voir.

Bien sur, cette matière n'est pas neutre, il y a des livres et des tas d'œuvres sur l'idéologie du Cube Blanc : l’hygiénisme de la vision que cela induit, l'évacuation et l'éducation du corps qu'il a produit, la séparation d'avec le monde environnant, etc... Il faut passer du temps ici, car ce vide c'est surtout un DON d'espace : offrir un espace et du potentiel, des espaces libres que l’on n'a pas chez soi (je vis dans 20m2), que l'on a nulle part, ni dans un parc ni dans la rue.



Disserter sur les gestes des artistes qui ont produit ses expositions vides, c'est encore autre chose, de la référence, de l'histoire, des gestes artistiques, des jeux de contextes, des intentions intéressantes OK, mais moins que l'expérience qu'on peut en faire. Ca ne m'intéresse pas d'attribuer cela à des noms, car c'est ici une occasion qui nous sort de l'histoire de l'art pour nous situer NOTRE histoire propre, celle de spectateurs d'oeuvres à Paris au début du XXeme siècle. Moment propice donc pour tester ici son attachement à l'art, et plus précisément sur le cadre de l'art, son cadre de vision, ce qui en permet l'expérience dans notre culture. Moment propice, quand justement, on ne parle que du marché et des prix d'objets à vendre. Propice quand on parle de crise, quand on a peur de le voir disparaître (moins d'argent pour les expos, les institutions, etc...). Exactement comme Fahrenheit 451 de Bradbury, quand on brûle les livres, il faut alors les apprendre par cœur, les porter en soi, leur faire une place en soi, dans la mémoire et la parole, dans le corps qui devra ensuite les transmettre et les diffuser. Ici c'est exactement pareil. Il faudrait faire des visites guidées de cette expo. des ateliers-discussions sur la part des œuvres que l'on porte en soi, en chacun de nous.




Godard a dit de façon provocante, que si le Louvre brûlait, cela impliquerait simplement dire qu'il faudrait refaire les œuvres qui s'y trouvait ! Magnifique cadeau fait à l'humanité. Moins dramatique et pompeux qu'un Parmiggiani, cette expo du Vide organisée par un musée est, je pense, très osée. C'est une affirmation osée face aux détracteurs permanents de l'art actuel ou contemporain qui trouvent ici leur pain béni "voyez, un musée expose le vide" ! Beauté de l'ambiguïté de cette affirmation ! Où est l'art ? Où est la beauté ? Ca hurle contre sa réification dans des objets ! Ca va hurler contre sa dématérialisation ! Où ? Mais aussi QUE reste-il de l'art ? Et bien, il est LA : dans les corps humains qui viennent se souvenir ou qui se demandent ce qu'il y a à voir. Parce ce que quand même, des gens vont encore au musée, parce qu'il existe encore. C’est l’occasion aussi de se demander pourquoi ils (moi aussi) viennent ici. Parce que le principe du musée est encore admis, et Il est partout si on le décide (pour parodier le "war is over if you want it" de Yoko Ono).





Apprécier un angle / un coin de mur, une superficie de mur, sa masse. Tomber ou pas dans la mystique du vide (Yves Klein). Même si je l'ai senti venir en moi, pour ma part, non ! Surtout pas. Sentir un potentiel (l'envie de faire l'amour dans un musée), oui, car je préfère le coté débraillé et malicieux de Cage à la pompe ridicule de Klein.





Gérer ses propres yeux ! Pas facile ! Où regarder ? Combien de temps ? Continuer à regarder un mur, de l'espace vide, même si quelqu’un rentre dans la pièce et ne sait pas où vous regarder ! LA, oui, à ce moment là, ne pas retomber dans la mise à distance, le snobisme et la froideur, le nihilisme, ne pas faire un mouvement des épaules, du corps, pour signifier, il n'y a rien, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas fou, je suis comme vous, ne pas faire comme si vous ne viviez pas une expérience riche (SI SI !) et bénéfique, ne pas avoir peur de s'enrichir même si l'on voit que l'autre, qui marche à coté de soi, n'y voit que pauvreté et nullité. Même s'il se sent inégal, trompé, s'il se méfie, s'il fait une remarque ironique en cherchant votre assentiment.






Remarquer le placement des éclairages au plafond, remarquer que d'habitude l'électricité, la lumière artificielle, participe de notre expérience et des sensations de l'œuvre. Sentir que les autres, la ville, l'époque sont là aussi, avec les œuvres et fusionnent avec elles, qu'on ne fait jamais une expérience absolue, objective et pure de l'œuvre : relative et donc toujours personnelle. Un spectateur devant une œuvre c'est un événement unique, calculé, brouillé, aléatoire, compliqué. Toujours inédit.








Toutes ces qualités et caractéristiques qui font la rencontre avec l'oeuvre, qui s'y adjoignent, comme le parfum et les vêtements de votre bien-aimée quand vous l'enlacez, toutes ces informations, sont ici exposées sans être effacées par l'œuvre, ce centre égoïste qui requiert toute l'attention. Finalement, ce vide contient beaucoup d'éléments, d'informations sensibles. On arrive donc ici au comble de la perversion : jouir des marges, de la périphérie, du retard du plaisir : le regard qui part en biais, mais c'est ce que tous les artistes au fond nous ont appris à faire ! Regarder à coté ou autrement que là où on nous dit de faire.





A lire les commentaires divers sur le net, les commentaires de Lunettes rouges par exemple, on se demande si les gens sont aveuglent ? Dire qu'il n’y a rien est une absurdité totale, de la pure folie ? L'espace, la lumière, l'architecture, l'air, les corps des autres, est-ce rien ? Comment vivrait-on sans ce rien ? L'occasion de remarquer une fois de plus que nous vivons VRAIMENT dans des idées et des concepts, des idéologies et des constructions mentales en permanence. Ce n'est que TRES rarement que l'on ouvre les yeux, que l'on se tait et que l'on a un contact avec le réel au lieu d'en penser quelque chose tout de suite. Sans religion et sans mysticisme, nous vivons vraiment dans des chimères (une idée assez étroite de ce que doit être la société), nous vivons dans et selon des valeurs (qui règlent notre quotidien du matin au soir) et non dans du tangible ou assez peu au fond, ou sinon il s'agit du tangible aléatoire et interchangeable (une voiture comme ci ou comme ça, un vêtement de cette couleur ou pas, ce travail ou un autre). La société est totalement cinglée et plongée dans un délire continu et cette expo qui propose une sorte de négatif, qui montre le socle sur lequel reposent ce délire repose est salutaire. Ca ne signifie rien, C'EST. Le musée et même le principe d’exposition sont là comme objet et comme matière visible. Le reste ensuite est construction et choix ... Mais à voir les critiques sur cette expo, on se dit que l'art, ses dynamiques et son énergie, ne sont toujours pas admis, sauf quand il s'agit d'objet et encore !








Le chemin est encore très long pour que l'humanité aime ou du moins tolère gentiment cette partie d'elle-même qui se manifeste sous le terme d'art. L'air de rien cette expo possède la vraie puissance d'une vanité, en l'agissant et non en montrant des images culturelles de vanités (natures mortes ou crânes omniprésent dans la mode).