dimanche 30 août 2009

Août 2009 - Pop 5

Mes tubes de l'été 2009 :



JJ : Things will never be the same again (OUI OUI OUI)

the Field : Kappsta (2007)

Memory Tapes : bicycle

Pictureplane : flashion

Miike Snow : a horse is not a home

samedi 29 août 2009

Glass Candy, elle et lui

Encore quelques heures de rattrapage pour profiter de l’été et pour faire ce qu’on a retardé toute l’année. Un article sur ce groupe Glass Candy, qui traine depuis longtemps, depuis que j’ai vu leurs vidéos sur You tube et leur page Myspace.


Live au Studio Nemo : passez l’intro pour arriver à la performance du groupe (0:45), au niveau du sol dans un coin, deux petits corps et des machines qui tremblent sous le choc de leurs propres vibrations, pour sublimer la réalité et se transformer soi-même.



Mais ces 2 corps portent toute l’histoire de la pop music, ils sont Jesus, du pur présent, dans lequel converge tout le passé déjà écrit, du présent offert , du don pour construire ce qu’on veut après. La musique folk, celle des gens, (en opposition à pop : celle des compagnies de disques), c’est aujourd’hui le karaoké : on bouge et chante sur scène comme devant sa glace dans sa chambre. Du dandysme narcissique mais fiers et conscient de son potentiel de ridicule !


Ils forment ici un très beau couple, elle regarde son homme jouer avec ses machines et, lui, la laisse s’exhiber et danser pour les autres. Là, se noue un pacte de confiance et d’amour au travers de cette ouverture mutuelle aux autres, où il est possible de s’aimer chacun dans son coin, parmi les autres. Chacun dans son coin MAIS émettant dans la même direction et étant réunis par une chose invisible : la musique (et l’image) qu’ils produisent en commun. Ils portent sur leurs deux seuls corps le show en entier, leurs corps plongés dans ce qu'il projettent : leur musique. La musique pop live est par définition une projection immersive (cela Pipilotti Rist l'a bien compris, elle qui vient du rock)

Voyez donc comme elle danse : elle tape des mains, pivote, nage, défile sur un podium, entre femme et enfant. Des pas suivis ou à peine esquissés, différentes logiques suivies au fil de l‘instant. Sirène, arrogante, courbettes, désuète, ridicule, gymnaste, sexy, danseuse, de multiples rôles et modèles corporels la traversent, s’incarnent en elle, très vite. Sa danse n’est pas composée, il s‘agit plutôt d’un flux de mémoire qui serpente en elle. Tous les âges et les époques ondoient en elle. Un mouvement ET son image permettent de glisser vers un autre. Elle essaie des corps en elle comme on essaie des costumes. Sa tunique sobre hantée par Jane Fonda et les 80’s fonctionne donc comme un fond bleu qui permet d’y incruster toute une gamme de personnages et de libido associée à ces personnages. Associée pour qui les regardent mais aussi surtout pour qui les incarne, pour elle. Auto érotisme du comédien en scène. Défilent aussi les fantômes de Françoise Hardy, Gérard Malanga chez Warhol, Blondie, Kate Bush, George Michael… Elle chante, elle crie (à 3:10), elle fredonne, elle proclame (this is green, green, green …) des slogans de pure poésie, elle projette de la couleur sur elle et sur nous, sur nos oreilles. This is blue, Ouhouhou’, d’une si grande absurdité et pourtant d’une telle justesse !! Son apparition dans la couleur dans la vidéo de Computer love live a Dallas est digne du Exploding inevitable de Warhol : costume satiné et apparition fantomatique d'une Nico disco ...



Voyez à 4 :10, le petit mot à l’oreille, le secret en public ! Puis voici le moment du solo de synthé, changement de plans et de focale scénique : montée d’octaves qui convoque New Order et Kraftwerk dans les amplis de Jesus & Mary Chain tout en relisant les évangiles composées par Giorgio Moroder. La même chanson et autre point de vue (ici à Sao Paulo). On y voit mieux sa danse du soleil et ses incantations sur des machines militaires et infernales : on est là en pleine fête payenne digne de Heliogabale de Artaud.




Autre clip : computer love à Dallas : chanson de Kraftwerk digérée dans leurs sound system satiné et sexy qui fait qu’on croit enfin à ses mots : computer love, alors que à l’époque des robots allemands, c’était surtout une audace et une incantation, une projection dans le vide, que leurs corps déshumanisés contredisaient. Sans doute parlaient-ils de leur amour des ordinateurs ou de l’amour émis par les ordinateurs, au travers des sons qu’ils produisent, mais pas de l’amour DANS les ordinateurs, des couples qui s’expriment DEDANS et AU TRAVERS, comme le font maintenant Glass Candy. De Plus nombreuses de greffes sont possibles que jadis.




Elle réclame le rythme (bring the beat back) comme le ferait un toaster jamaïcain. Son chanté, parlé, crié évoque Donna Summer (panthère black 70s), elle vocalise le rythme produit par l’homme, elle exprime la fascination des machines de son homme mais pas sur toute la chanson, par instants fugaces. Courant sur place, lolita (ses pieds nus), chipie, elle crie (à la Alan Vega) et sa voix rauque est digne du gospel par instant. Elle incarne et rend visible les rythmes (disco, funk, house), c'est-à-dire des vitesses et fréquences différentes et s’en sert pour explorer les potentiels du corps, du corps dans le temps et dans une forme du temps qu’est le rythme. L’homme émet des ondes stridentes et gère le BEAT : la mécanique et les intensités, elle émet les caresses et insuffle la souplesse.

Si on parle d’eux, il faut aussi les voir en négatif des autres groupes pop : ici pas la distance habituelle entre le producteur et la star : pas de diva intouchable ou de marionnettes jouant sur des bandes aux sources invisibles. Ce n’est pas non plus la star en solo : elle partage l’avant scène (type Euryhmics), elle est en vedette A COTE et pas DEVANT ; elle clignote dans la lumière. Dans la playlist que j'ai faite sur You tube, vous trouverez une suite d'ancètres de duos synthétiques ayant travaillé la mise en scène du couple et des machines face à une foule.



vendredi 28 août 2009

La mémoire selon St Augustin

Aujourd'hui, c'est la St Augustin, l'occasion de retrouver ses mots, tirés du Livre X des Confessions, chapitre 8 (extrait): De la force et de l'étendue de la mémoire : à lire doucement, calmement, pour le rythme et le flux de la parole...



C'est là que le ciel, la terre, la mer, et tout ce que j'ai pu y remarquer s'offrent à moi aussitôt que je veux, hormis les choses que j'ai oubliées. C'est là que je me rencontre moi-même, et que je me représente le temps, le lieu, les autres circonstances de ce que j'ai fait, et les dispositions dans lesquelles j'étais lorsque je faisais ces actions. C'est là que je conserve les images des choses que j'ai connues par expérience, et que j'ai crues sans les avoir éprouvées par le rapport qu'elles avaient avec celles que j'ai éprouvées, et qu'en conférant toutes ces expériences passées les unes avec les autres, je forme des jugements de ce qui peut arriver et de l'espérance qu'on en doit avoir : et comme si toutes ces choses m'étaient présentes, je dis en moi-même dans ce vaste espace de mon esprit rempli de tant d'images diverses : « Je ferai ceci ou cela : il en arrivera ceci ou cela : oh ! si ceci ou cela pouvait arriver ! Dieu ne permette pas s'il lui plaît que ceci ou cela arrive ! » Et lorsque je parle de la sorte, les images de toutes les choses dont je parle, s'offrent à moi dans ce riche trésor de ma mémoire, et je n'en pourrais du tout rien dire si elles n'étaient présentes.

Que cette puissance de ma mémoire est grande, mon Dieu ! qu'elle est grande ! ses plis et replis s'étendent à l'infini : et qui est capable de les pénétrer jusqu'au fond ? Néanmoins c'est une faculté de mon âme et qui appartient à ma nature. Je ne puis donc pas connaître ce que je suis ; et ainsi il paraît que notre esprit n'a pas assez d'étendue pour se comprendre soi-même ; et cependant où peut être cette partie de lui-même qu'il ne comprend pas ? N'est-elle pas en lui et non hors de lui ? Pourquoi donc ne saurait-il la comprendre ?

J'avoue que tout ceci me remplit d'admiration et d'étonnement.




dimanche 2 août 2009

All in Box

Un site internet surprenant et assez réjouissant ALL IN BOX : des personnes y expliquent et montrent comment fabriquer soi-même son vidéo-projecteur ...


Sculpture involontaire et dispositf de projection (mal) dissimulé à l'Espace Louis Vuitton, expo Ecritures silencieuses, projection de Robin Rhode


mes PIXELS de l'été

Qu'est ce qu'un pixel ? Où est-ce que ça s'arrête ? Jusqu'où peut-on le diviser et qu'est ce qu'il peut contenir ?

samedi 1 août 2009

Collatéral à Poitiers

Visite d'été à Poitiers pour voir cette exposition collective : Collatéral " au Confort Moderne, aléché par l'article de Damien et les artistes aperçus de çi de là auparavant.
D'abord, je suis frappé par les choix d'accrochages : très lié spécifiquement au lieu, adoptant une grille murale qui divise un grand mur en 24 parties égales où chacun va pouvoir déposer / placer une oeuvre dans un damier où les individualités se perdent et se répondent. Au point de laisser la zone d'une porte d'un local technique en occuper une comme si elle était une oeuvre. Ou au point d'intégrer une oeuvre d'une photographe de leur galerie américaine (Miguel Abreu), envoyée à un collectionneur dans la même caisse de transport vers l'Europe.




On oscille entre règle du jeu et fissuration des règles, jeu au sens de baillement/écart. Les oeuvres se continuent par leur périphérie : voisinage entre elles, luminosité de l'espace d'expo, caisse de transport, signalétique. Comme preuve, l'oeuvre commune créée sur place : 3 projecteurs noirs de spectacle, disposés au sol, et recouverts de gélatine pales, scotchés rapidement, qui projetent un jaune, vert et rose très pastels. Geste dandy, anti-spectaculaires et tout de même maniéré, débonaires qui évoque les coups de bombes aérosols de
Rodzielski.



Ici clairement, l'image est un objet : c'est à dire un lieu de manipulation : à la fabrication et à la réception ainsi que lors de sa diffusion (reproduction, variantes, combinaisons). comme Eileen Quinlan qui joue de photographies composées en atelier, à l'aide de textiles à grosse trame, de miroirs et de gélatine colorés, en agacement prismiques auquels s'ajoutent la vitre du cadre d'exposition et notre reflet.

Ces artistes : Liz Deschenes, Sam Lewitt, Scott Lyall, Sean Paul, Eileen Quinlan, Blake Rayne, Nora Schultz, Cheyney Thompson, jouent avec une certaine paranoïa : objet neutre et clos sur lui-même qui joue sur son autonomie et son rayonnement. Ils cherchent à attirer la micro-inspection et le gros plan de la part du spectateur. L'objet d'art ici appelle l'inspection, la vérification à la recherche de micro-sensations : grains, reflets, textures, trames, variations chromatiques, matériaux en trompe l'oeil. Il faut chercher et scruter, regarder ce qui est accroché en face, comment se présente la tranche du chassis, regarder dans sa vision périphérique pour faire jouer le premier plan et l'arrière plan. Il faut un oeil à 360°, parano en vue d'offrir du plaisir et de profiter au maximum de ce qui est là. Comme si on était devant un corps, qui nous entoure, et qu'on veut pouvoir étreindre tout entier.




Au travers de ces objets déjà encadrés, déja vitrés (Quilan, Deschenes), produits en série ou déclinés (Lyall, Rayne, Lewitt), s'active donc une véritable science érotique : entre solitude triomphante (séduction et indifférence) de chaque oeuvre et une ouverture au contingent et au sourire auto-critique et relativiste. Les oeuvres existent sur 2 plans simultanés et contradictoires : celle de leur autonomie hermétique et celle de l'expo comme mise en relation, composition décorative revendiquée où disparaissent les individualités. Ici on voit les réglages des rapports de force entre oeuvres et exposition : pour savoir qui englobe qui ? Qui avale qui ? Qui influence qui ? Le lieu ou les oeuvres ? Le but étant de rester dans un entre deux d'indécidabilité et de rebond permanent. On peut zoomer dans un oeuvre et être regardé par les oeuvres qui l'entoure. Mais aussi regarder dans le vide pour tout voir à égalité.

Je cite Damien "Le médium devient l’exposition elle-même, ses caisses de transports, les systèmes de reproduction, la lettre, les modes d’organisation en collectif, le bidouillage de laboratoire, les collages de toutes sortes. Et ce n’est pas une redéfinition du formalisme, c’est sa continuation butée mais dénuée de tout héroïsme."





Pour faire le tri et offrir quelques infos plus détaillées : Blake Rayne expose les pans désassemblées des caisses de transports qui sont faites par lui-même et sont donc aussi des oeuvres : lates de bois noires alternativement mates et brillantes, visibles des 2 cotés et devenant cimaises pour d'autres oeuvres que les siennes. Rayne, produit des toiles pliées et cousues puis décousues, un geste qui s'applique donc à plusieurs toiles à la fois (comme
Nathan Hylden) et se voit dispersé et fragmenté dans l'espace et les supports.

Sean Paul lui joue autrement : à partir du contexte (a coté d'une prison) il expose des toiles blanches vierges que lesquelles il colle (mal) des photocopies noir et blancs dégrédées à divers degrés) lié au cotnexte : Confort Moderne devient Conforama, le plan de la rpison donne naissance à un miroir et à des découpes de carton gris. Le bad boy du groupe, le moins convaincant pour moi.

A signaler, le très bon choix de la vidéo de Nora Schultz : pas du tout de ce groupe d'américains, vrai choix de mise en relation par le commissaire Yann Chevalier : un film amateur montrant une image ralentie d'une silhouette d'avion apercue dans un ciel couchant et au travers de branches d'arbres, par un point de vue tremblant qui fait danser et flotter ce projectile noir plus ou moins centré. Les textures du ciel et des couleurs vidéo jouent bien avec les trames de Thompson ou les presques gris/vierges de Lyall collées à même le mur de façon à confondre relief du support mural et teintes imprimées. Par contre, Nora Schultz se trouve éjectée de la communication et du livret d'information disponible sur place, dommage !