samedi 29 août 2009

Glass Candy, elle et lui

Encore quelques heures de rattrapage pour profiter de l’été et pour faire ce qu’on a retardé toute l’année. Un article sur ce groupe Glass Candy, qui traine depuis longtemps, depuis que j’ai vu leurs vidéos sur You tube et leur page Myspace.


Live au Studio Nemo : passez l’intro pour arriver à la performance du groupe (0:45), au niveau du sol dans un coin, deux petits corps et des machines qui tremblent sous le choc de leurs propres vibrations, pour sublimer la réalité et se transformer soi-même.



Mais ces 2 corps portent toute l’histoire de la pop music, ils sont Jesus, du pur présent, dans lequel converge tout le passé déjà écrit, du présent offert , du don pour construire ce qu’on veut après. La musique folk, celle des gens, (en opposition à pop : celle des compagnies de disques), c’est aujourd’hui le karaoké : on bouge et chante sur scène comme devant sa glace dans sa chambre. Du dandysme narcissique mais fiers et conscient de son potentiel de ridicule !


Ils forment ici un très beau couple, elle regarde son homme jouer avec ses machines et, lui, la laisse s’exhiber et danser pour les autres. Là, se noue un pacte de confiance et d’amour au travers de cette ouverture mutuelle aux autres, où il est possible de s’aimer chacun dans son coin, parmi les autres. Chacun dans son coin MAIS émettant dans la même direction et étant réunis par une chose invisible : la musique (et l’image) qu’ils produisent en commun. Ils portent sur leurs deux seuls corps le show en entier, leurs corps plongés dans ce qu'il projettent : leur musique. La musique pop live est par définition une projection immersive (cela Pipilotti Rist l'a bien compris, elle qui vient du rock)

Voyez donc comme elle danse : elle tape des mains, pivote, nage, défile sur un podium, entre femme et enfant. Des pas suivis ou à peine esquissés, différentes logiques suivies au fil de l‘instant. Sirène, arrogante, courbettes, désuète, ridicule, gymnaste, sexy, danseuse, de multiples rôles et modèles corporels la traversent, s’incarnent en elle, très vite. Sa danse n’est pas composée, il s‘agit plutôt d’un flux de mémoire qui serpente en elle. Tous les âges et les époques ondoient en elle. Un mouvement ET son image permettent de glisser vers un autre. Elle essaie des corps en elle comme on essaie des costumes. Sa tunique sobre hantée par Jane Fonda et les 80’s fonctionne donc comme un fond bleu qui permet d’y incruster toute une gamme de personnages et de libido associée à ces personnages. Associée pour qui les regardent mais aussi surtout pour qui les incarne, pour elle. Auto érotisme du comédien en scène. Défilent aussi les fantômes de Françoise Hardy, Gérard Malanga chez Warhol, Blondie, Kate Bush, George Michael… Elle chante, elle crie (à 3:10), elle fredonne, elle proclame (this is green, green, green …) des slogans de pure poésie, elle projette de la couleur sur elle et sur nous, sur nos oreilles. This is blue, Ouhouhou’, d’une si grande absurdité et pourtant d’une telle justesse !! Son apparition dans la couleur dans la vidéo de Computer love live a Dallas est digne du Exploding inevitable de Warhol : costume satiné et apparition fantomatique d'une Nico disco ...



Voyez à 4 :10, le petit mot à l’oreille, le secret en public ! Puis voici le moment du solo de synthé, changement de plans et de focale scénique : montée d’octaves qui convoque New Order et Kraftwerk dans les amplis de Jesus & Mary Chain tout en relisant les évangiles composées par Giorgio Moroder. La même chanson et autre point de vue (ici à Sao Paulo). On y voit mieux sa danse du soleil et ses incantations sur des machines militaires et infernales : on est là en pleine fête payenne digne de Heliogabale de Artaud.




Autre clip : computer love à Dallas : chanson de Kraftwerk digérée dans leurs sound system satiné et sexy qui fait qu’on croit enfin à ses mots : computer love, alors que à l’époque des robots allemands, c’était surtout une audace et une incantation, une projection dans le vide, que leurs corps déshumanisés contredisaient. Sans doute parlaient-ils de leur amour des ordinateurs ou de l’amour émis par les ordinateurs, au travers des sons qu’ils produisent, mais pas de l’amour DANS les ordinateurs, des couples qui s’expriment DEDANS et AU TRAVERS, comme le font maintenant Glass Candy. De Plus nombreuses de greffes sont possibles que jadis.




Elle réclame le rythme (bring the beat back) comme le ferait un toaster jamaïcain. Son chanté, parlé, crié évoque Donna Summer (panthère black 70s), elle vocalise le rythme produit par l’homme, elle exprime la fascination des machines de son homme mais pas sur toute la chanson, par instants fugaces. Courant sur place, lolita (ses pieds nus), chipie, elle crie (à la Alan Vega) et sa voix rauque est digne du gospel par instant. Elle incarne et rend visible les rythmes (disco, funk, house), c'est-à-dire des vitesses et fréquences différentes et s’en sert pour explorer les potentiels du corps, du corps dans le temps et dans une forme du temps qu’est le rythme. L’homme émet des ondes stridentes et gère le BEAT : la mécanique et les intensités, elle émet les caresses et insuffle la souplesse.

Si on parle d’eux, il faut aussi les voir en négatif des autres groupes pop : ici pas la distance habituelle entre le producteur et la star : pas de diva intouchable ou de marionnettes jouant sur des bandes aux sources invisibles. Ce n’est pas non plus la star en solo : elle partage l’avant scène (type Euryhmics), elle est en vedette A COTE et pas DEVANT ; elle clignote dans la lumière. Dans la playlist que j'ai faite sur You tube, vous trouverez une suite d'ancètres de duos synthétiques ayant travaillé la mise en scène du couple et des machines face à une foule.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

GLASS CANDY un couple ? un trio plutôt, avec Nat ; et c'est Nat qu'Ida embrasse ;) c'est dommage de se contenter des videos du net, GLASS CANDY et DESIRE en live, c'est tellement mieux (avec Nat à la batterie) :p sinon tout le reste est assez bien senti :)