J'adore ce jeu des listes et des bilans, pour savoir ce dont il serait bien de se souvenir et tout ce qu'on peut oublier. Vider un peu la mémoire vive avec ces choix vraiment personnel des pratiques et oeuvres qui m'auront marqué pour longtemps je pense ...
Isabelle Cornaro à la Ferme du Buisson, surtout l'installation ci-dessous :
J'ai été estomaqué par cette pièce, jaloux et reconnaissant à la fois. C'est une leçon d'anatomie de l'espace au travers de l'image d'un paysage (de Poussin je crois) lui même disséqué et réduit à la manière de ses dessins. Elle réalise le grand écart absolu : entre le squelette du dessin qui analyse et structure (l'ossature des socles et la blancheur de la céramique) ET la chair colorée, la décoration, présentée comme jeu de variantes appliquées et "couchées" sur de la matière brute et neutre, blanche. Les vases et les tapis, leurs motifs sont donc des impressions sur du blanc et du neutre. Passés de l'horizontale (sortie d'imprimante/passés sur la table d'anatomie) à la verticale. On circule donc dans un grand corps dilaté, entre os et peau, dans une chair électrisée par les rapprochements et les variations formelles produites par le montages de tout un tas d'objets et d'une iconographie du paysage. Je n'ai pas fini d'apprendre et de regarder cette oeuvre. Un grand merci !
J'ai été estomaqué par cette pièce, jaloux et reconnaissant à la fois. C'est une leçon d'anatomie de l'espace au travers de l'image d'un paysage (de Poussin je crois) lui même disséqué et réduit à la manière de ses dessins. Elle réalise le grand écart absolu : entre le squelette du dessin qui analyse et structure (l'ossature des socles et la blancheur de la céramique) ET la chair colorée, la décoration, présentée comme jeu de variantes appliquées et "couchées" sur de la matière brute et neutre, blanche. Les vases et les tapis, leurs motifs sont donc des impressions sur du blanc et du neutre. Passés de l'horizontale (sortie d'imprimante/passés sur la table d'anatomie) à la verticale. On circule donc dans un grand corps dilaté, entre os et peau, dans une chair électrisée par les rapprochements et les variations formelles produites par le montages de tout un tas d'objets et d'une iconographie du paysage. Je n'ai pas fini d'apprendre et de regarder cette oeuvre. Un grand merci !
Clément Rodzielski à l'Atelier Cardenas Bellanger
Notre jeune Matisse en herbe m'a sidéré et beaucoup amusé avec cette exposition où les cimaises basculent, deviennent des marie-louises ou des feuilles A4 en gros plan. où le trait déborde le cadre et se prolonge sur le mur pour devenir le moyen de fixer le dessin au mur. Où le scan de magasine équivaut le tirage grand format. Où il ne s'agit plus d'autre chose que de technique de jouissance du visible : non pas d'en jouir, mais de le faire jouir tel qu'il se présente, dans son corps et sa matière (papier et pigments). Où il s'agit de manipulation de formes et de couleurs aussi pauvres soit-elles. Et parce que enfin, un artiste français n'a pas peur de la couleur et des images en couleur (même si encore un peu puisqu'il faut l'hanter d'un fantome noir), à suivre donc...
Gyan Panchal à la Galerie de Gennevilliers
Des totems, une sorte d'archéologie de notre monde matériel et synthétique, mais surtout un basculement récent de la pratique de sculpteur de Gyan dans un raffinement et une jouissance de la couleur. En glissant aussi vers des objets et des matières colorées, on glisse de l'archéologie vers le culinaire, une autre sorte de cuisine molléculaire, quelque chose de plus ludique, plus tendre, plus souple et moins idéologique, encore plus surréaliste (si !) et de moins en moins minimaliste. Bref de plus en plus libre de tout discours justificatifs ...
et Julien Prévieux à la Synagogue de Delme
Tout ce que j'aime : la capacité à embrasser une grande masse d'informations, d'avoir une large vision sur l'horizon mais, au moment de s'activer, il a la capacité de savoir où attaquer : être précis, non sentimental, non idéologique sans être bête. L'exposition de maisons/cabanes de création (de la matière grise en 3D) et d'une bibliothèque d'un savoir périmé présenté comme du surgelé (l'intérieur de la Synagogue ressemble à un frigo, tout blanc!) produit une vision mélancolique du savoir humain, du désir de mettre en forme le savoir, de l'objectiver. On dirait le regard d'un être du 3eme millénaire sur notre culture récente, un regard tendre mais lucide, précis et matérialiste. Ce jeu d'un regard inscrit dans plusieurs échelles, en même temps, dans le data process ultra rapide et le souvenir au futur antérieur est assez vertigineux. Du très grand travail ! Et puis on ne dit jamais assez que l'humour, le rire aussi, est une émotion, et que l'art sait encore en procurer.
Tout ce que j'aime : la capacité à embrasser une grande masse d'informations, d'avoir une large vision sur l'horizon mais, au moment de s'activer, il a la capacité de savoir où attaquer : être précis, non sentimental, non idéologique sans être bête. L'exposition de maisons/cabanes de création (de la matière grise en 3D) et d'une bibliothèque d'un savoir périmé présenté comme du surgelé (l'intérieur de la Synagogue ressemble à un frigo, tout blanc!) produit une vision mélancolique du savoir humain, du désir de mettre en forme le savoir, de l'objectiver. On dirait le regard d'un être du 3eme millénaire sur notre culture récente, un regard tendre mais lucide, précis et matérialiste. Ce jeu d'un regard inscrit dans plusieurs échelles, en même temps, dans le data process ultra rapide et le souvenir au futur antérieur est assez vertigineux. Du très grand travail ! Et puis on ne dit jamais assez que l'humour, le rire aussi, est une émotion, et que l'art sait encore en procurer.
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