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non identifié |
Phyllis Galembo prend en photo des
participants aux défilés et carnavals, fêtes traditionnelles
autant que déguisements contemporains. C'est justement dans le
brouillage de ces distinctions entre l'authentique (traditions
collectives) et le capricieux singulier que son travail prend toute
sa force. Ce qui est capturé est fait pour être vu, il échappe
donc au voyeurisme colonialiste. Elle ne montre pas des individus, ni
des croyances, mais des personnages, des projections nées d'un
montage mystérieux entre l'histoire et la mémoire des lieux, la puissance de jeu
des individus et de délire formel. Même logique donc que
l'éthnographie poétique et participative de Jean Rouch.
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Okpo Masquerade, Calabar South, Nigeria, 2005 |
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Mami Wata Mask, Cross River, Nigeria 2004 |
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Water Buffalo Devil, Red Indians, Freetown, Sierra Leone, 2008 |
Phyllis Galembo travaille sur ce sujet
depuis les années 80, d'Haiti au Nigeria, Ghana, Zambie, Bénin,
Sierra Leone et Burkina-Faso, très fertile croisement entre question
de genre (la puissance transformative, magique du costume et du
masque sous le regard de l'autre) et question de culture minoritaire.
Mais ce qui m'intéresse personnellement et justifie ce post, c'est
simplement son rapport à ses sujets comme couleur et comme puissance
picturale et esthétique, comme dérèglement visuel ou du visible.
La puissance des images provient du paradoxe entre la théâtralité du
costume, sa puissance délirante presque psychédélique (la veine
surréalisante) et l'objectivité froide, mécanique, factuelle de la
prise de vue photographique. La netteté du regard, droit, solide,
amical et attentif (comme les Hilla & Bernd Becher) permet de
VOIR et d'accéder au monde imaginaire et à la fiction ouverte par
les costumes, masques et attitudes. Pour moi ce sont des peintures
performées, des visions voyageuses, appelées à infiltrer les
imaginaires et à circuler dans les cultures pour apparaître au
moment nécessaire et opportun, par nécessité d'une expression,
individuelle ou collective.
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Galembo-Baby Dance of Etikpe, Cross River, Nigeria 2004 |
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Ghost and Bull, Dodo Masquerade, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, 2009 |
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Jaguar style or Ekong-Itaghafon, Calabar, Nigeria, 2005 |
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Masquerade from Gossina Village, Burkina Faso, 2006 |
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non identifié |
Son travail fait suite à celui de
Meatyard, déjà évoqué sur ce blog (elle a d'ailleurs réalisé
une série sur les fêtes d'Halloween) et peut être comparé à
celui de Cindy Sherman (Galembo aurait d'ailleurs mérité une bonne
place dans l'expo récente sur l'objet surréaliste au Centre
Pompidou) et son imaginaire rejoint parfois celui de Paul Klee. Plus
proche, elle évoque bien sur Charles Fréger (bien plus mou, figé et pénible
à mon goût), Hans Silvester (trop en retrait, selon moi, en terme
de positionnement du photographe), Axel Hoedt et se situe à la suite d'Edward
Curtis et finalement, elle s'inscrit dans toute la tradition du
portrait photographique, aussi bien colonial, anthropométrique,
documentaire, artistique, de mode que des images de pop stars en
scène ou de la photo de films.
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Gelede Masquerade, Agonli-Houegbo Village, Benin 2006 |
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Ngar Ball Traditional Masquerade Dance, Cross River |
Elle enseigne la photographie à New
York et est représentée par la galerie Steven Kasher. Elle a
également réalisé d'autres séries et travaillé sur d'autres
sujets au Brésil, Mexique et Jamaïque.
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