jeudi 18 octobre 2012

Nourritures acides

Maud Fässler, photo de la série Organs, 2003

John Hinde, blancmange with fruit, 1947

Sarah Tritz, photographie sans titre, 2012

Peter Knaup, légumes, 2000

John Groover, kitchen still life

Maxime Thieffine, photographie sans titre, 2012

Elad Lassry, zebrawood picture taupe, 2012
Martin Parr, british food, 1995

Irving Penn, frozen vegetables, 1977

L'image, la couleur, la nourriture et ses colorants, le goût acide ou la peur de toucher, donc lames et découpes, organisation, fibres, empilement, contact, équilibre, décomposition des matières, chimie, digestion ...

mardi 16 octobre 2012

Intérieurs Romantiques


Julius E.W. Helfft, Le Salon de musique de Fanny Hensel, 1849

Le musée de la vie romantique à Paris présente une exposition fournie par le Cooper-Hewitt, National Design Museum de New York qui expose donc sa collection de 80 vues d’intérieurs du XIXeme siècle réunies par le collectionneur Eugene V. Thaw qui leur en a fait don en 2007.

Les œuvres présentées sont des vedute intérieures, dans la tradition de Canaletto ou Vermeer, mais adaptés à l’échelle des intérieurs bourgeois ou plutôt aristocrates.  Ce qui s’appelle donc memori vivi : les traces d’intérieurs réels documentés manuellement par de subtils artisans et académiciens des beaux-arts d’Europe du Nord ou de l’Est, sur commande pour transmettre aux enfants ou à de la famille éloignée, l’image d’espaces affectifs et luxueux. On a ici affaire à de grands petits maîtres exerçant un genre très humble et fonctionnel, d’autant plus précieux qu’on échappe ici à l’étalage de science académique (pas de références mythologiques) ou de prouesses techniques (les perspectives sont assez tordues et les espaces anamorphosés selon des focales très étranges, la luminosité pas du tout réaliste). Et c’est là tout leur saveur. Les formats sont extrêmement réduits (souvent plus petits que A4), la technique est celle de la gouache et de l’aquarelle sur papier. Ils étaient réalisés en albums/portfolio, une vue par pièce, en plus de la façade et d’un plan de l’ensemble. L’exposition ne nous montre aucun ensemble complet (pas grave) mais des regroupements par zones culturelles ou par peintres ou par types d’espaces figurés. Rien d’extraordinaire dans l’accrochage (les lignes de cadres, les 3 grandes salles habituelles du musée) mais le plaisir de se perdre le nez sur l’image dans des espaces infinis érigés sur quelques centimètres de papier.


Anna Alma-Tadema, La bibliothèque de Sir Lawrence Alma-Tadema à Townshend House, Londres, 1884

Les représentations sont rarement peuplées, ou sinon par de minuscules silhouettes assises. L’enjeu pictural est de rendre les matières, étoffes, rideaux, meubles, tapis, plantes, animaux domestiques et agencements, fenêtres ouvertes sur des jardins entraperçus. Ce qui frappe est la présence forte des plafonds, rarement représentés dans la peinture classique, qui occupent parfois un tiers de l’image, selon des axes et courbes ou perspectives assez tordues et savoureuses. Ovales gris, papiers peints de feuillages et d’oiseaux, plafonds écaillés, salons chinois ou boudoirs orientalisants ou détails hyper réalistes : housses blanches enfilés sur le haut des fauteuils, lavables pour éviter les salissures de cheveux gras, moultes tableaux et cadres dans l’image, accessoires et petits objets évocateurs … Les vues sont parfois frontales mais ouvrent des portes et fenêtres en enfilades ou dégagent des sources lumineuses latérales. Plus que des idées de décorations, on y trouvera d’ingénieuses et inventives idées formelles et picturales dans les façons de superposer, d’agencer des formes et matériaux : dans la façon dont les courbes croisées d’un rideau souple et transparents tombe sur la grille d’une porte-fenêtre (ouverte ici, fermée là), dans la façon dont un motif de parquet évoque du Vasarely, dans la façon dont l’arrondi boursouflé de canapés et de fauteuils s’entremêlent en frises ondulantes et anguleuses, dans la façon dont on peut rendre des murs entiers de cadres d’images sur des surfaces de micro-onglets, dans la façon d’agencer les styles d’objets tout à fait post modernes (par exemple : escalier d’angle arts & craft en bois lourd + chaise longue japonisante + orgue à tuyaux métalliques dans un intérieur anglais). On verra par exemple l’espace personnalisé d’un Sportsman, adapté d’équitation, salon empli de peintures équestres et d’accessoires, qui m’évoque une possible installation de Guillaume Bijl ou Haim Steinbach.


Eduard Gaertner, The Chinese Room in the Royal Palace, Berlin (1850)

Edouard Petrovitch Hau, Petit Cabinet de l’impératrice Alexandra Feodorovna, 1830-35

Louise Cochelet, Le Salon de l’artiste avec sur le lac de Constance, 1816

On frôle évidemment la photographie (surtout dans ce dessin minuscule et monochrome de Louise Cochelet). Ce qui fascine, dès lors que ces espaces ont disparus et que leurs qualités documentaires nous importe peu, c’est la sexuation des espaces (comtesses ou officiers ?), leur statut privé/public (chambre, anti-chambre, salle de réception) et la faculté de lier œil & cerveau, représentation mentale et composition abstraite à l’aide de plans et de lignes. Le dessin capture l’œil et avale le cerveau qui plonge et circule avec agilité dans ces mini-maisons de poupées de papier. La ligne est micro précise, la présence ou non d’un objet, d’un motif ou d’un plan coloré tient à un fil, à un geste du poignée et/ou du doigt sûr, exécution manuelle au millimètre qui obéit en même temps à l’organisation globale de la composition, qui comme un château de cartes doit tenir debout dans la feuille. Ces petits maîtres qui n’auront pas le droit aux grands musées travaillent au plus prêt de la création et de la représentation. C’est sans doute l’art du cinéma et du documentaire qui m’y rend sensible, l’invention tenant dans l’ajustement du cadrage, de  la focale, de la profondeur de champ, l’étalonnage des couleurs et le rendu photographique des textures des matériaux, sans pouvoir choisir son sujet et imposer ses visions. La mission est de le rendre présent, d’inscrire dans la trace la présence de celui qui a été là, de la transmettre à d’autres qui n’étaient pas là. Faire art avec ce qui donné, ce qui est devant soi. L’art de matérialiser par la main et par son médium son propre regard.


William Alfrred Delamotte, non identifié

Norbert Von Alt, non identifié

Parmi les nombreux peintres présentés, je retiendrai les Frères Von Alt (Frank et/ou Norbert), l'allemand Eduard Gaertner (à découvrir absolument), Carl Friedrich Wilhelm Klose et les anglais George Pyne et William Delamotte. Dernière remarque qui me vient tardivement à l'esprit. Ces oeuvres sont réalisées en cercle clos, ce sont des commandes destinées à un nombre limités de spectateurs. J'aime énormément ce réseau social restreint de l'oeuvre, sa destination précise, ce croisement intime des regards et du désir d'image entre artiste et collectionneur, ce reste d'aristocratie dans la production d'art, en totale opposition à la conception actuelle d'un art pour tous, universel, destiné à un "public"...


Robert Henry Robertson, Intérieur de Hall Place à Leigh,1879

2001 l'odyssée de l'espace, capture d'écran

Ce goût de la scène d’intérieur trouve bien-sur un écho chez de nombreux artistes, modernes (ici Vuillard que j’aime tellement) ou contemporains (Thomas Huber parmi tant d’autres). Mon gout pour l’objet (ready-made) à échelle domestique, pour la circulation du regard et de l’imaginaire dans les replis invisibles de l’intime trouve dans ces images une généalogie appétissante.


Thomas Huber, le dépot de tableaux, 1988

Edouard Vuillard, scène d'intérieur aux 3 lampes, 1899

samedi 13 octobre 2012

Peintures Anatomiques

Anne Neukamp, rosette, 2010


Maude Maris, empilement, 2012


Damien Cadio, carboglass 2007

Henni Alftan, mouth saying mouth, 2009

Anne Neukamp, packt die, 2009

Damien Cadio, non identifié

Mireille Blanc, l'écran (inconnus), 2010

Mireille Blanc, leurre, 2011

Henni Alftan, opening, 2012

Alain Séchas, sans titre, 2010



Mireille Blanc, paysage étiquette, 2011

Maude Maris, glacée, 2011

Mireille Blanc, collection, 2012

Henni Alftan, idol (pin) 2012

Mireille Blanc, bibelot, 2011

Damien Cadio, new flesh, 2007

Henni Alftan, a close observer, 2011

Laurent Proux, grille 1, 2010

Damien Cadio, art moderne, 2011

Armand Jalut, baroness, 2011

Anne Neukap, aussicht, 2012

Henni Alftan, bar, 2012

Guillaume Pinard, serpillère, 2003


Une exposition virtuelle de peintures françaises récentes, à la fois pour répondre à une amie qui me demandait qui étaient les peintres intéressants en France en ce moment (réponse subjective et tout à fait partiale) et pour tracer parmi ces choix, un fil précis et intuitif, sans thème à priori. Au delà de mes obsessions personnelles, l'occasion de remarquer chez ces artistes le plaisir à figurer, à désigner des figures au travers et dans la matière peinte, à organiser des emboitements, à placer l'objet dans le cadre, à jouer des axes de vision ou de la frontalité, à travailler des lumières et ombres artificielles très scénographiées et un gout du fragment photographique propice aux jeux de composition, de combinaisons, d'accrochages offert au récit subjectif du spectateur.

mercredi 10 octobre 2012

Navigation (Triangles)

Jimmie Durham, participant, 2012

Blinky Palermo, prototype, 1970

Emilie Perotto, Noli me tangere, 2011

Shackleton, Fabric mix #55, 2011 pochette

André Cadere, sculpture nomade, barre de bois rond, 1970's

New Order, bizarre love triangle, pochette

Anders Oinonen, island lake, 2009

Durutti Column, deux triangles EP

Nicolas Tourre, los angeles, 2012

Prisme d'Abbe-Porro


Barbara Kasten, 2 photographies de la série Construct, 1981-82

Joe Zucker, Schooner, 2002 peinture dans boite en bois (ouverte)

Hokusai, le mont Fuji se reflétant dans le lac Kawaguchi, 19eme

John Constable, Beaching a Boat, Brighton, 1824







César Domela, non identifié