lundi 18 janvier 2010

André Raffray (1925-2010)



Hommage à André Raffray, décédé il y a qq jours, au travers de cette citation tirée d'un entretien avec Bernard Blistène :



"Et c'est alors que m'est venu à l'esprit - oui, clairement à l'esprit - de « voler » le sujet des artistes et de les refaire. Ils seraient mes motifs et ma motivation. Je les referais mais le fait de les refaire serait une démarche bien à moi. Je serai en quelque sorte un prédateur. Je serai l'artiste qui referait le sujet des autres mais avec mes moyens. Je confronterai le site qu'ils avaient choisi à ma propre technique qui dès lors, ne serait plus une fin en soi mais un outil au service de la pensée... J'ai découvert que je pouvais être moi-même dans ce pa­radoxe. Et j'y suis tellement aujourd'hui que je ne me pose même plus la question du bien-fondé de cette démarche !

Entre les années 1950 et 1970, pendant plus de vingt années, je n'ai jamais rien fait que du « sous quelque chose ». Je ne l'ai pas « mal fait » au sens où la techni­que s'est améliorée, où l'illusion n'a cessé d'être mieux maîtrisée mais ce n'était jamais que du « sous quelque chose ». Il suffisait d'ailleurs que je voie un travail que j'aimais pour me laisser aller à l'imiter. J'étais un peintre sous influence, comme tant d'autres. Mais à la différence de beaucoup, je m'en rendais compte et je ne savais pas encore alors comment m'en défaire. J'étais un fétichiste. Je cultivais en moi une forme de fétichisme historique et même si la technique traduisait une sorte de savoir-faire photographique contemporain de certains mouvements d'alors, il n'y avait rien, dans le fond, qui traduise une manière de penser et de voir le monde qui m'appartien­nent. Il me restait beaucoup de chemin à faire..."



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