dimanche 12 mai 2013

John C. Kacere

John C. Kacere (né en 1920 et mort en 1999) est un peintre hyper réaliste américain parmi tant d’autres, qui a eu (?) son heure de gloire dans les années 70, assez peu (ou pas du tout) vu en France (Gérard Schlosser avait pris le créneau ?), évidemment déconsidéré car figuratif, représentant des corps féminins, des corps colorés et sexy (tout ce qui est très très mal vu de notre milieu, qui, bien sur, vit dans un monde asexué, noir et blanc, objectif, etc…). Bref rien de correct politiquement, mais qui a bien des choses à nous enseigner sur l’art de regarder, sur la naissance du regard dans les plis du corps, sur la peinture comme pigment sur du tissu, sur la tension du regard et d’une toile, sur le net-flou, sur le cadrage et les vertus du trompe l’œil.


Judy, 1982


non identifié



Loretta, 1979



non identifié


Jutta, 1973, huile sur toile


non identifié


non identifié

Joni, 1990


Smith, 1972


non identifié


non identifié




non identifié

Technique qui consiste bien-sûr en une observation amoureuse et une analyse microscopique du réel pour ensuite traduire-transcoder cela dans une technique et dans le regard que le spectateur portera au travers de cette technique sur un sujet particulier. Tout à fait ce qui préoccupe Thomas Ruff et Vik Muniz par la photographie ou Roy Lichtenstein et Chuck Close en peinture. Ce travail ne me semble pas si éloigné de celui de la Picture Generation, sans le même rapport politique au plaisir visuel évidemment (car n’utilisant pas les mêmes outils, Kacere peint avec des pinceaux, à poils, comme Ingres). Aucune complaisance (élimination des visages), frontalité, sérialité et variations tout à fait Morandiniennes ...




Comme les Screen tests (portraits filmés) de Warhol, chaque « portrait » évoque un univers formel, un style et une époque, selon la croyance dans le principe que chaque corps/visage porte un imaginaire formel virtuel. Ici une toile évoquera les coulures de Jules Olitski, le chromatisme d’un Jean-Baptiste Oudry ou les dessous d’un Sargent ou annoncerait même les fictions corporelles-temporelles de John Currin.


Ce post fait partie d'une série d'articles monographiques présentés ici.

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