samedi 12 novembre 2016

John ALTOON

de la série Hyperion, 1964





John Altoon (1925-1969) est un artiste de Los Angeles, actif pendant les années 50 et 60, largement méconnu en Europe, dont j'ai découvert l'oeuvre lors de l'été 2014 et dont je voulais parler car depuis, je ne cesse de revenir à son travail, en particulier sa grammaire de couleurs, ses gestes graphiques et compositions en apparence ordinairement expressives et abstraites, mais finalement très singulières, précises dans un registres entre les genres (hybride) abstraction colorée gestuelle et figuration dessinée, qui me semble tout a fait pertinente et utile aujourd'hui.



Untitled (from Harpers series) 1964 et détail


Untitled, (Haircut #2), 1965, 152 x 142 cm


cowboys and indians, 1968


De la série Hyperion, 1964



Personnage apparemment haut en couleur, alcoolique, paranoïaque, diagnostiqué schizophrène passé la trentaine, il a détruit beaucoup de son travail. Il a été très central dans le développement de la scène artistique de LA dans les années 50 autour de Ferus Gallery (voir le documentaire the Cool School, où il apparaît furtivement dans presque toutes les photos mais qui est juste évoqué sommairement à la fin). Il vécut à New York de 1951 à 1955 où il s'imprègne du vocabulaire Ab Ex, proche sans doute des premiers Rothko d'obédience surréaliste, puis passe un an en Europe et se ré-installe ensuite à Venice, Ocean Park, Santa Monica, autour de LA. Il aura une expo solo au LA County Museum of Art en 1964. Il a dessiné aussi des pochettes pour des disques de jazz.




Sa palette « californienne » aux couleurs saturées et/ou pales, roses, mauves, ensoleillées accueille des formes qui semblent venues du dessin automatique, du geste improvisé mais qu'on pourrait identifier comme des résurgences animales (dans la série Hypérion, 1963-64), je préfère citer ici une description évocatrice : "mutant shapes, one resembling a vaguely bovine creature, the other a pig, float hazily in a murky ether of crimson-blue pigment. These central forms oscillate between image and abstraction with fresh visual buoyancy. It’s a barnyard logic where the bulbous and lumpy intersect, where fleshy pinks and lime greens jostle with their muddy surroundings in static hilarity"


J'alterne ici les séries (Ocean Park, hyperion, About Women, Sunset) et la pratique du dessin (à l'encre et pastel) comme de la lithographie car elle éclaire ses peintures. Son dessin proche de l'illustration de mode (il a été formé pour devenir illustrateur), du croquis rapide mais stylisé, mèle trait fin et figuratif à l'encre et des nuées à l'aérographe ou le pastel pour la couleur. L'héritage des myths makers tourne au fantasme érotique. Des scènes primitives, satiriques, carnavalesques et ouvertement sexuelles (pas forcément érotiques) ne s'enferment pas dans une bulle à la Balthus mais sont plus ancrés socialement tout en acceptant l'improvisation formelle.



dessin non identifié, 75.25 x 100.81 cm, 1959

Ocean Park series, n12, 1962 huile sur toile




Ocean Park series #8, 1962 oil on canvas, 207  x 213.4 cm


Civic virtue


About women, lithographie, 96 x 48 cm


non identifié, 1965


Ocean Park series, 1962 oil on canvas 183 x 213 cm


Vue d'exposition pour se rendre compte des formats

untitled-(f-4), pastel et encre sur papier


























Sunset serie


Sunset Serie



Ainsi ce style que le LACMA décrit comme hybride entre abstraction et figuration me semble ce qui passe le mieux l'épreuve du temps et me nourrit et me motive aujourd'hui pour trouver des partenaires engagés et sophistiqués dans ce registre de formes. Cellules et formes de vies émergentes, non identifiées, devenus badges et emblèmes primitives ou cherchant à chahuter ou phagocyter les voisines. Plancton, organes, peignes et miroirs, oiseaux, cuisses, langues, manches, piscines, chevelures … entre détails de mode et dîner mondain ou vie sous-marine de poissons exotiques fluorescents … Une vision du sexuel sous-jacent à la vie sociale …. des travestissements, mises en scène et délires ordinaires … pas loin du Héliogabale de Artaud









d'autres liens ici et ici. Il y aurait un grand travail de recherche a faire sur son oeuvre pour la placer aux coté de De Kooning, Ken Price, Eilen Agar, Barbara Rossi et affirmer son importance dans l'art du XXeme siècle.

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