mardi 30 décembre 2008

Best Of 2008, les EXPOS

Un mot sur ces expos qui m'ont fait travailler et avancer en 2008 :

L'homme exposé, épisode 1, au Musée de l'Homme
Une exposition de service publique, essentielle à tous, scolaires, profs, intello ou simple curieux, artistes ET commissaires : cf. mon post récent.



Insolubles solides, l'exposition de Cyriel Dietrich à Bétonsalon


Une exposition des plus sobres et même "ultra contemporaine", au sens de presque vide, anti-spectaculaire, sèche "comme un white cube allemand", et pourtant, une inscription dans l'espace qui est humble vis à vis des murs de parpaings et du lieu qui a (presque) toujours été plus fort que les oeuvres qui y étaient présentées. Une entrée en matière sur une photographie stratifiée et décomposée de Blinky Palermo (merci pour la magnifique conférence!) parfaitement prolongée dans les montages de Cyril Dietrich (commissaire qui ose et sait s'exposer) qui défait image et couleur. Ce mouvement de l'image vers le volume grandit progressivement, comme dans un cône de projection, en passant par les lattes des bancs de Dan Peterman, l'hélice de Gennari, les grains de lumières de Aurélien Mole et les particules d'argent qui font échos à la gravure de Frantz Gertsch, immense surface texturée qui avale et reflète toutes les autres oeuvres. Un mouvement résumé par le livre de Wolfgang Schindler. Un espace cosmique et matériel propice à la méditation. L'espace vide est littéralement offert au spectateur pour y exercer sa capacité à se projeter et à se mouvoir entre les oeuvres, physiquement et mentalement, entre particules et paysage. Bravo !




Neutre intense 3 : It's Gonna Rain



Au fond très proche de l'expo de bétonsalon, ce troisième volet de Christophe Gallois est le plus réussi, en terme d'occupation de l'espace t de fluidité et même de malice des échanges entre les pièces et les artistes. Du négatif au positif, des divers degrés de noir et blanc en passant par divers niveaux de dénivelés et de relief inframince (les plaques ondulées de Josef Strau - la révélation de l'expo pour moi - en écho aux coussins de velours cotelés de Ryan Gander, tant vu mais toujours aussi bien). Sans oublier la vidéo maniérée et désuète d' Aurélien Froment qui fonctionne pourtant très bien ici. Une exposition qui ralenti le regard et récompense la patience : qui enfonce le regard dans l'épaisseur des surfaces.






Les feuilles à Super, une exposition de Yoann Gourmel et Elodie Royer
Une belle façon de décomposer l'image de son support physique, grâce à l'entrée en matière efficace de la vidéo d'Aurélien Froment qui pose la question des points de vues possibles devant, derrière, au travers, sous, avec, contre une image et son support physique. Clément Rodzielski prolonge les faits en confondant le cadre et l'image même, Isabelle Cornaro une nouvelle fois dissèque de front ce que tous les autres abordent de loin, par diverses controsions : la chimie de la lumière et du pixel puis son inscription sur la feuille. Malicieuses, tranchantes, ironiques, ridiculement sèches mais franchement comiques aussi, ces pages qui s'ouvrent comme des portes ne font que révéler notre désir jamais satisfait de voir des images. Et avec si peu, elle y arrive, avec ces miroirs opaques !






L'exposition de Eija-Lisa Athila, Une rétrospective au Jeu de Paume
Un accrochage exemplaire et une façon intelligente de travailler la projection vidéo multiple, l'échelle de l'image, l'orientation des écrans, la circulation des corps parmi les images, le rapport entre visuel et psychologique, l'héritage de la publicité (plus que du cinéma) sur l'art vidéo. Cette exposition démontre que cette artiste est une maître en sa matière, une leçon pour chacun voulant projeter une image et comprendre comment on la reçoit. A noter l'installation très godardienne sur la Guerre d'Algérie (where is where ?) : le problème principale de notre culture actuelle que personne ne traite dans l'art en France et qu'elle aborde modestement mais sans fioritures non plus, nous mettant au centre des champs/contre-champs entre ici et là-bas, entre hier et aujourd'hui.







8002-9891, Claude Closky au MAC VAL
Donc un espace noir mais pas vide, au contraire : un espace saturé d'informations et de signes, de langage, de codes, de mots, de phrases , de corps qui les prononcent, de souvenirs et d'idéologies. Tout une langue médiatique incarnée qui nous traversent la tête (grâce aux écouteurs portés par les visiteurs) comme le ferait une sonde ou un scanner allant chercher dans la culture pop française que l'on refoule mais que l'on porte en nous. Un vrai travail sur i'dendité nationbale, Closky semble volontairement travailler le territorial en pointe et en profondeur à l'inverse de ses ainés (lavier, boltanski, buren) qui sont désormais des stars internationnales. Très attaché à la nov'langue internationnale des médias et de la pub, Closky sait que ça travaille surtout du coté de la réception de tout cela, car nous sommes tous encore ici ! Closky est l'artiste français de la fin du 20eme et du début du 21 eme siècle. Une rétrospective exemplaire, un espace aveugle et tout dans le catalogue !

Archeology of longing, à la Fondation Kadist, commissaire : Sofía Hernández Chong Cuy.
Une exposition que j'ai visitée vide, dont je n'ai aimé aucune oeuvre en particulier mais que j'ai troiuvé tellement bien assemblée et construite qu'elle evoquait vraiment un lieu, un prsonnage de grandmère fictif et de brocante années 40, quelque chose de vraiment narratif et ambient alors même que ces questions de fiction et de narration en art m'ennuient totalement.






Et puis aussi à ne pas oublier les expos suivantes : Une exposition chorégraphiée de Mathieu Copeland à la ferme du buisson (qui soulève beaucoup de questions très riches sur l'exposition comme médiatisation, entre live et différé, événement-non événement, lieu et durée), Wade Guyton (qui monumentalise notre geste quotidien de l'image devenu fichier informatisée puis imprimée sur une surface), Wolfgang Tillmans 'strings' (cf mon post précédent), Reena Spaulings (dans la même lignée de l'image sans support fixe, aux éléments pigmentaires nomades et volatiles)







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