jeudi 30 avril 2009

AVRIL 2009 - pop selection

Mes principales découvertes musicales mémorables de ce mois d'AVRIL 2009, que j'ai essayé de regrouper en 3 catégories : 1. des mélodies et recherches pop, 2. des discomaniaques qui creusent en profondeur des liens historiques et stylistiques dans la danse puis 3. les crooners solitaires :





1. mélodies et recherches pop

Boat ClubEncore un groupe suédois, des rythmes house suaves (Ten City), les guitares crystallines des Byrds (ou des Cocteau twins), des voix masculines molles, éthérées et mélancoliques (à la Fieldmice, Sarah Records), mais des mélodies synthétiques qui élèvent toute cette tristesse au dessus des nuages ("you can't fake the sunshine" fredonnent-ils dans "Warmer climes"). Du niveau du meilleur St Etienne ! Encore une des ces énièmes trouvailles en terre scandinaves, qui a définitivement détroné l'Angleterre pour la pop blanche sophistiquée et accessible, une pop qui ne connait pas le rock, la virilité et la rebellion prolétaire, une pop de classe moyenne, tertiaire (laptop music) et globalisée, de garçon solitaire qui rêve d'unanimité et d'hymnes populaires tristes.


Un duo de filles de Los Angeles, totalement déjantés, droguées (!?), une sorte de parodie de la rock star qui mélange Courtney Love et Céline Dion dans les poses et l'attitude. La musique ? De la Pop-funk blanche 80s légère (Lio, Tom Tom Club, Roxy Music) et somnambulique, proche de Telepathe, sombre (enfoui sous les basses plutot soul) et lente. La voix ? Chant éthéré sur des boucles synthétiques qui évoque le son unique de Torch Song (= Rico Conning et William Orbit + Laurie Mayer) sur "Chimera". Ce groupe semble aussi et surtout être une expérimentation sonore et conceptuelle dans la veine de Phil Spector et de Martin Hannett : une production sonore qui teste les limites entre la dislocation/décorporation totale du son et la structure carré et incarnée de la pop song classique. CASIO PSYCHO FUNK !?













2. post moderne pop
Brain machine

Très peu d'info sur leur page Myspace, noire et aérée et pratiquement vide ! De la disco noire (Moroder sans les tubes), électronique et progressive (du krautrock à la Manuel Gottsching pour les motifs rythmiques fractals), qui vous embarque dans de langues trances comme si Basic Channel avait existé en 1978. Donc, une fiction temporelle post-moderne. Comme l'indique leur label : This is not an exit records, on plonge dedans, dans le cerveau (brain machine c'est leur nom !!) et la mémoire, dans le noyau souterrain de la disco, le centre de la piste de danse.


Glossy Edits


Pure space disco ("Payama"), des rythmes calmes et fatigués mais un groove profond (les basses sont sa base) qui emmène le funk électronique du bon coté (sophistiqué et soul) de Daft punk (et pas le hard rock d'ordinateur pour stadium de Justice). Des cut-up façon remix des années 80 mais pratiqué sur des samples 70's, sur de la disco et de l'électro 90s ("don't chop the music"). Un frère de Ambassador's reception et Italians do it better, ainsi que du label New Yorkais DFA ("burning love")

Hounds of Hate


Un DJ Londonien à suivre, qui célèbre le son rétro de la deep house de Chicago vers 1986, simple et basique (dans les basses et l'ambience sonore), posé sur groove et une rythmique mid tempo et kunky, saupoudré de sons de jeux vidéo 80s et de clins d'oeil Princiers. Comme beaucoup d'artistes actuellement, il assume un son assez plat et répétitif mais affiche un singularité dans sa démarche, en ne fétichisant pas les sons et les gimmicks du passé mais en remettant en ondes ce qui a pu les faire naitre jadis.


Faux pas


Un Australien qui compose des instrumentaux à base de collages sonores d'origines pop, collages dont les jointures sont travaillées de façon à mettre en valeur rythmes et mélodies. On n'est plus du tout dans le sample virtuose de DJ Shadow qui célèbre la rupture mais dans un glissement perpétuel de renvois et de souvenirs, de sons hypertextes, s'emboitant par analogies et réminiscences dans un mouvement fractal continu qui ne sacrifie pas la mélodie au coté pompeux du rock progressif ni à l'impro jazzy. Faux pas pratique une vaste grammaire culturelle de l'arrangement pop, dance, disco, house, funk, jerk, afrobeat, ska qui va des Beastie Boys ou Beck à JM Jarre, en passant par Depeche Mode et Hot Chip, des bongos du space disco aux mélodies idiotes à la Kraftwerk, de façon tellement joyeuse et sincères ici ...




3. Crooners synthétiques et solitaires
Faux Fox

Je remarque une belle évolution dans le paysage de la pop américaine depuis Casiotone For the painfully Alone (qui venait du lo-fi folk et d'une idée de la culture alternative et de la bedroom music) pour arriver aujourd'hui à un type qui se prend pour Dave Gahan (Depeche Mode) ou John Foxx sans être gay ou kitsch outragé. Les dandy 80s de la pop anglaise sont pris comme modèle de songwriting et de chant pour des chanteurs pop rock américains (traditionnellement plutot virils, plaintifs ou criards).


Ce qui paradoxalement permet à ce Faux Renard de retrouver le fond de blues enfoui qui réside dans toute chanson pop (de Lio à New Order), qui renoue avec la complainte et l'espression de la solitude urbaine d'un homme, à l'aide de son synthé et d'un rêve de grandeur, d'une projection de soi comme humanoïde brisé mais qui tient encore debout.





Epee du Bois
Avec l'erreur de français dans son nom, voici un solitaire de Brooklyn qui pratique la pop sur son casio, en évoquant les débuts de Jarvis Cocker, l'album "Separations" de Pulp en particulier ou le premier LP de Depeche Mode (sur "Exits" et "No trees"). En frère spirituel de Marc Almond, il se prend pour une diva ou un Elvis à las vegas (ou dans sa chambre, ce qui revient au même) accompagné par un son lo-fi et des boites à rythmes cheap (son Dave Ball à lui). Sa voix, lyrique et solide, porte de véritables chansons ("misery") alors que ses instrumentaux ressemblant à des musiques de films gore des 70's ("passage to passage') le projettent dans un univers industriel, nostalgique de Suicide ou d'OMD (époque "architecture & morality").

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