samedi 27 juin 2009

Sean Snyder @ Crousel

Sean Snyder de façon assez osée et affirmative dit une chose clairement, lui qui s'est jusqu'à présent focalisé sur les conflits politiques et guerriers : ce qui se passe entre les hommes se passe aussi dans les images et dans les techniques qui incarnent et transportent les images des hommes. Vision analogique entre guerre réelle et économies numériques. Entre le micro, le nano et le global. Voir comment l'un nourrit l'autre et inversement.

Rapport entre ombre et lumière, entre 0 et 1, entre oui et non, entre noir et blanc, entre quelque chose et rien du tout : Aller voir ! Et scruter ! Comme un anthropologue et un linguiste qui sait que les conflicts (les différences) sont inscrits dans les codes et la parole et la façon de parler de chaque camp.


Snyder réalise des prises de vues au microscope de CDs gravés, de ses archives, mais aussi d'écrans LCDs et il affiche des fichiers perdus ou "corrompus". Sous des allures et prétextes formalistes, il peut camoufler son propos, discutable, mais osé et presque réac'. (déjà : "optics compression propaganda" chez Lisson en 2007 !) Car en effet qui oserait aujourd'hui politiser nos outils quotidiens et partagés par tous, spectateurs comme artistes (et pensons à ceux qui lui ont succédé dans l'espace de Crousel) : ordinateurs, appareils photos et caméras, disques durs et échanges numériques...

Attention aux conclusions hâtives, Snyder montre et travaille calmement, comme Wade Guyton, il réclame l'expérience esthétique. Il montre que ces questions de codages, de secret, de lecture et de mémorisation puis de circulation du signe, c'est l'affaire des peintres et des artistes, que ca ne fait que continuer une vieille histoire. Cuisine ancestrale d'agencement de signes abstraits qui finissent par signifier et par porter/organiser des combats et par faire tuer des gens, parfois.
Picabia, Optophone,

Essayer de voir comment l'image est matérialisée avant d'être exploitée.. Accrochage humble, burlesque et paradoxal du code informatique. L'abstraction ici revient à retourner un miroir devant nos yeux, sauf qu'avec le numérique, le miroir découpe et tranche dans la chair, il zoome, il fouille jusqu'à l'os, jusqu'au pixel.



Abstraction amère et sèche, plate, aléatoire, immédiate, l'inverse de l'abstraction qui arrive après l'épure, après la recherche, après l'analyse et la transcendance des artistes modernes. Si l'abstraction est la vérité de l'image, son OS, sa nudité, elle est donc déception et vision morbide. Mais Picabia le savait bien, il y a longtemps déjà, et ici Snyder le rejoint, pour en discuter avec Thomas Hirshhorn et transpercer l'innocence de Wolfgang Tillmans.

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